Agadir : Les douars des piémonts attendent leur restructuration

  • Le dossier encore une fois aux oubliettes
  • Les populations montent au créneau
  • Développement de l’habitat anarchique sur les lieux

Avec la démolition des bidonvilles dans la cité, le phénomène
de l’habitat anarchique s’est développé dans les piémonts.
Le transfert et le relogement de plus de 400 ménages
des quartiers menaçant ruine est aujourd’hui prioritaire.

La colère gronde dans les douars des piémonts. Lundi dernier, les populations de la localité sont descendues dans la rue pour manifester et crier leur ras le bol quant à l’environnement dans lequel ils vivent depuis des années. «Nous n’en pouvons plus. Les fontaines d’eau côtoient les rejets de détritus, c’est invivable, inhumain!», crie une jeune femme du site. Il est vrai que les conditions de vie sont difficiles sur les lieux. Poussières, odeurs désagréables par endroits, ruelles étroites et tortueuses, fossés, failles de terrains, pas d’infrastructures goudronnées, pas de réseau d’eau potable, pas d’écoles… Difficile d’imaginer que la localité est à cinq minutes à peine en voiture du centre-ville de la station balnéaire. Et pourtant tout manque ici ou presque en termes d’infrastructures de base. «C’est comme si nous étions des laissés-pour-compte», déplore un habitant du douar Taoukt. Selon lui, la zone compte plus de 40.000 habitants et plus de 3.000 maisons. Des bidonvilles en dur. Et si la jeune métropole d’Agadir avait relevé le défi de se débarrasser de ses 15.000 baraques en tôle pour être déclarée ville sans bidonvilles en 2009, il y a encore beaucoup de travail à faire dans ces lieux. De fait, avec la démolition des bidonvilles dans la cité, le phénomène de l’habitat anarchique s’est développé dans les piémonts. Beaucoup d’attributaires de lots revendant leur terrain et s’installant sur le site parce qu’ils n’avaient pas les moyens de construire leur maison ou parce qu’il était plus rentable de vendre le lot et de s’installer dans les piémonts. Au fil des ans, les douars de ce site se sont peuplés et des quartiers clandestins se sont implantés constituant une véritable bombe à retardement. Et aujourd’hui, les concernés continuent à réclamer une restructuration des douars. Ce dossier est cependant en stand-by. Pourtant, il avait été réactivé en avril dernier. La wilaya et la commune urbaine avaient multiplié les réunions avec les habitants du site pour mettre au point ensemble le programme en question et un plan de restructuration avait été ficelé. Une convention avait été signée réunissant plusieurs institutions. Même le coût global de l’opération, suite à des études techniques, a été arrêté. Il serait estimé à 200 millions de DH. Et ce, pour réaliser plusieurs composantes, à savoir l’aménagement des voiries et l’équipement en éclairage public. L’adduction en eau potable et l’installation du réseau d’assainissement sont également au programme. Ce qui avait été souligné comme prioritaire, c’est le transfert et le relogement de plus de 400 ménages des quartiers menaçant ruine. Mais depuis, plus rien. Rien n’a été fait. La commune n’est pas passée à l’action. C’est comme si l’histoire se répétait puisqu’une première convention avait été signée par la commune urbaine il y a quelques années dans le même objectif mais elle est restée lettre morte depuis. Contacté par L’Economiste, le maire Tariq Kabbage explique que le développement de l’habitat anarchique sur place ces derniers mois est un frein à la mise en œuvre du plan de restructuration, surtout que selon lui beaucoup de constructions sauvages sont sur les terrains dédiés aux voies de passage. «Nous avons enregistré plus de 1.500 PV d’infractions sur place. C’est à l’autorité locale d’intervenir maintenant», indique le maire. Du côté de la wilaya, on assure que plusieurs interventions en force ont eu lieu sur place mais difficile au cours des derniers mois de maintenir l’ordre en raison des retombées du mouvement du 20 février. De plus, les représentants de la wilaya ne peuvent réaliser aucune destruction sur les lieux sans jugement de justice. Et les décisions tardent à être prononcées. En attendant, c’est l’anarchie sur place. Il est grand temps de trouver des solutions. Il n’y a pas d’autre choix.

Moyen-Âge
Malgré une population ancestrale, les habitants des douars des piémonts sont encore obligés de vivre de manière moyenâgeuse sans infrastructures de base. Ces douars à proximité de Hay Mohammadi constituent le dortoir de plus en plus de jeunes désoeuvrés sans moyens, mais aussi de beaucoup de main-d’œuvre, notamment du bâtiment. Ces derniers y louent des logements de fortune au prix de 400 DH la chambre environ et 1.000 DH pour un deux pièces sans eau et sans assainissement. «Il n’y a que des fosses sceptiques ici et nous souffrons tous, petits et grands, de maladies respiratoires», déplore un jeune du coin.

Malika ALAMI – leconomiste.com

Publié 21 décembre 2011 par Michel Terrier dans Actualité, Agadir, Aménagement, Construction, Société